Toute l’équipe d’Atlantique Landes Récifs félicite Jessica Salaün pour la validation de son doctorat, suite à la soutenance de sa thèse effectuée notamment au sein de l’association.
« Vers une approche socio‐écologique d’évaluation de la performance de projets d’aménagements côtiers avec des récifs artificiels. Etude de cas sur trois régions biogéographiques maritimes en France métropolitaine. »
Les récifs artificiels sont des outils d’aménagement des zones côtières, volontairement immergées par l’homme dans le but de protéger, produire (augmenter, régénérer) ou concentrer les ressources marines.
Ils sont employés à travers le monde dans le cadre de politiques publiques
- de soutien à la pêche (production et protection),
- de restauration des écosystèmes (éco-fonctionnel)
- pour développer des activités économiques de loisirs (récréatif).
En France, depuis 50 ans, les récifs artificiels (RA) sont utilisés comme réponse à la diminution des stocks halieutiques et immergés sur l’ensemble des façades maritimes avec une prépondérance en Méditerranée.
Toutefois, l’évaluation de leurs performances est rare ou partielle, ce qui n’est d’ailleurs pas une spécificité française mais un constat à l’échelle mondiale. Les études réalisées présentent des lacunes car elles ciblent principalement l’évolution d’indicateurs d’abondance et de richesse spécifique de la faune et la flore aux abords des récifs, se focalisent sur un compartiment spécifique ou des espèces cibles et le plus souvent sur le court terme. Ces études, bien qu’elles aient montré l’effet direct des récifs sur l’augmentation de la production secondaire locale, n’apportent qu’une réponse partielle à la problématique d’évaluation de la contribution des RA au sein d’un socio-écosystème car la dimension socio-économique est oubliée.
Ce constat peut s’expliquer par des ruptures dans les étapes de l’évaluation et notamment l’absence de déclinaison de l’objectif général en objectifs spécifiques et critères de succès. En effet, un point clé de l’évaluation est la comparaison des critères de succès avec les indicateurs de résultats. Sans la définition de ces critères de succès, aucune comparaison, et de fait aucune évaluation, n’est possible.
En s’appuyant sur le cadre d’analyse des socio-écosystèmes et en utilisant des méthodologies issues des sciences humaines et de l’écologie, une approche socio-écologique d’évaluation de la performance des RA en réponse aux lacunes identifiées a été proposée. La théorie de la traduction a permis d’identifier les objectifs spécifiques des RA afin de proposer des critères de succès socio-écologiques. Cette méthodologie d’évaluation a été appliquée sur dix cas sites de RA répartis sur les trois façades maritimes de France métropolitaine. Ainsi, une analyse comparative des réseaux d’acteurs et trophiques avant implantation de RA avec l’état actuel de ces réseaux a été réalisée. La définition d’indicateurs de résultats a été réinvestie pour décrire l’évolution des socio-écosystèmes, permettant de critiquer l’adéquation du système socio-écologique avec les objectifs d’immersions des sites de RA.
Enfin, la performance des RA en réponse à une gestion durable des ressources et de la biodiversité à l’échelle des territoires a été évaluée, afin de fournir un tableau de bord opérationnel pour les décideurs des politiques publiques d’aménagement et les gestionnaires des fonds marins côtiers.
Selon Jean‐Claude Dauvin, professeur émérite, Université de Caen Normandie, Laboratoire M2C (UMR 6243 CNRS), co‐encadrant de la thèse, il y avait deux défis majeurs lors de cette thèse. Le premier était disciplinaire entre géographie et écologie, le second géographique car les deux laboratoires sont éloignés, compliquant ainsi les déplacements et donc l’organisation du suivi. Il poursuit en rappelant qu’un troisième défi s’est finalement révélé, en lien avec la situation sanitaire et aux confinements successifs qui ont entraîné de nombreuses défections et diverses complications.
D’après Sandrine Ruitton, maître de conférences, Aix‐Marseille Université, MIO (UMR 7294 CNRS & 235 IRD), le RA est un outil d’acculturation du milieu marin, comme moyen pour « la société » de se sentir concernée, d’œuvrer, de prendre des décisions, d’agir pour ce milieu.
Pour Sylvain Pioch, maître de conférences HDR, Université Paul‐Valéry Montpellier 3, LAGAM, directeur de la thèse, ce travail ouvre des pistes qu’il faut à présent affiner : créer des tableaux de bord faisables à bas coût économique et transactionnel, entre autres.
Le jury a ainsi accordé le titre de docteur de l’Université Paul‐ Valéry Montpellier 3, mention géographie et aménagement de l’espace, à Mme Jessica Salaün.
Tout aussi unanimement, le jury tient à souligner la très grande qualité de son travail de thèse aux interfaces entre plusieurs disciplines en un peu plus de 3 ans seulement, dans le contexte Covid et avec une direction de thèse éloignée, et un effort de valorisation significatif.
Accès à l’intégralité de la thèse sur le Réseau des Bibliothèques Universitaires de Montpellier